Ce film documentaire, à vocation institutionnelle puisqu’il a été ensuite diffusé pour le compte d’un organisme onusien « UNFPA/FNUAP » à New-York, au siège central de l’Organisation des Nation Unies. Ce fut surtout l’occasion de renouer avec le rythme de vie des populations nomades Afar et Somalie que j’affectionne tant.
Une histoire de dames, très actives pour améliorer leurs conditions sanitaires dans un environnement hostile : le désert, siège social d’une vie pluri séculaire. Avec Julien, Manu, Daoud et Charlie, il était surtout question de mettre en lumière les difficultés logistiques des femmes nomades isolées des structures d’accompagnement dans leur suivi de grossesse et de découvrir un système d’entraide en forme de « sécurité sociale » primitive mais très efficace : les caisses de santé communautaire.
La femme nomade, pilier central de la daboyta
Dans cette région très fruste de la Corne de l’Afrique, la femme nomade est au coeur d’un système social quasi matriarcal : l’homme est assurément un chef de famille assumé, mais il ne règne absolument pas en maître : la femme tient souvent le rôle principal d’une vie nomade aux responsabilités « bicéphales ». Lorsque « l’impuissance » de l’homme est constaté, la « femme » reprend le contrôle et s’organise afin d’assurer une protection durable à sa maisonnée ; je l’ai souvent constaté en presque 30 années de « séjour » ininterrompue en ces contrées, que ce soit en milieu rural ou dans les quartiers populaires urbains.
Il y a d’ailleurs la fameuse légende de « Bouti », sorte de souverain féminin tyrannique et castratrice qui a durablement imprégné la mémoire collective masculine ou encore la reine « Ati », géante mastodonte marchant derrière le freluquet nain roi « Parehu », deux monarques du pays de Punt décrit par la reine égyptienne Hatshepsout…
Un tournage au « frais », loin des chaleurs hivernales, de lumineuses rencontres, beaucoup d’humilité apprise au contact de populations nomades frustres, frugales et résilientes.